Propagande : L’aveu de Dominique Baudis. (1)

Le Torchon Rouge laisse la parole à Olivier Azam, co-réalisateur avec Daniel Mermet de « Chomsky et Compagnie »*. Il revient sur la campagne européenne où le dernier des « comte[s] de Toulouse », Dominique Baudis, dans sa quête de l’Union, comptait bien se servir d’armes médiatiques. Première partie.

 

Dominique Baudis n’a pas été abattu par la calomnie, il ne le sera sans doute jamais par le ridicule. Le 11 mai 2009, il adressait une lettre-qui-ne-manque-pas-d’air à la ministre de la Culture et de la Communication, Madame Albanel (cf Annexe).

Ancien président du C.S.A. (1), Dominique Baudis s’ennuie à l’Institut du Monde Arabe depuis deux ans, il s’est donc lancé dans la conquête d’un boulot à Bruxelles. Candidat UMP dans le Sud de la France pour les prochaines élections européennes, Dominique Baudis découvre que la campagne électorale n’intéresse pas plus ses concitoyens qu’une institution du monde arabe… Misère !  L’ex présentateur de JT s’interroge à haute voie et à l’adresse de Madame Albanel :

 « Comment susciter un élan européen chez les Français ? Comment pourrions-nous éviter l’abstention et l’indifférence des citoyens ? Comment participer à la  construction d'une identité européenne, grâce à une meilleure information des  populations de l'Union Européenne ? »

LA LUMINEUSE IDEE DE DOMINIQUE

Si j’avais le temps d’écrire à Monsieur Baudis (mais je ne suis pas en poste à l’Institut du Monde Arabe), ça serait pour lui expliquer que pour éviter l’abstention, il faudrait déjà que lui et ses copains aient un tout petit peu de respect pour les grands principes démocratiques qu’ils violent régulièrement en les lubrifiant de discours dégoulinants de bonnes intentions. Par exemple, en fourguant un mini traité européen de force pour contourner le vote majoritairement négatif des citoyens. Mais Dominique Baudis s’en moque comme de son premier brushing. Ce qui l’intéresse au fond, c’est comment améliorer la machine de propagande et pour cela il semble détenir une solution toute prête :

« Pour cela, l'Europe dispose d'un outil d'information audiovisuelle : Euronews » clame-t-il dans son courrier à la ministre Albanel.

Ben voyons… En voilà un aveu !  Euronews est un instrument de propagande. Cette chaîne a été créée pour ça en 1992 par une autre grosse institution, L’Union Européenne de Radio-Télévision, prenant pour modèle CNN, qui faisait baver nos élites de jalousie au moment de la première guerre du Golfe. En 2005, l’Union Européenne confie à Euronews une « mission d´information européenne » contre 5 millions d’euros par an. Pas sûr que ça soit si efficace que ça au vu des résultats des referendums !

Au cours de ses nuits agitées par le souci de « créer un sentiment d'appartenance européenne », Dominique Baudis eut soudain une révélation qui tient en trois lettres : T.N.T.

« Faisons d'Euronews le moteur médiatique de la construction d'une identité européenne et intégrons Euronews à la Télévision Numérique Terrestre. Au moment où deux chaînes de T.N.T. payante ont rendu leur licence au C.S.A., mettons Euronews sur un des canaux en T.N.T. gratuite, pour le plus grand bien de l’information des Français et pour faire de la France un exemple à suivre par tous nos partenaires Européens. ». Pour le bien des Français évidemment.

 

ANNEXE : La lettre de Baudis à Albanel (11 Mai 2009 )

Comment susciter un élan européen chez les Français? Comment pourrions-nous éviter l'abstention et l’indifférence des citoyens ? Comment participer à la construction d'une identité européenne, grâce à une meilleure information des populations de l'Union Européenne ?

Pour cela, l'Europe dispose d'un outil d'information audiovisuelle: Euronews, accessible partout en Europe et dans 150 pays à travers le monde auprès de 250 millions de foyers. La chaîne est leader des chaînes d'information internationale avec une audience estimée à 6.5 millions de téléspectateurs quotidiens, ce qui la place en Europe loin devant CNN, BBC World ou Al Jezira.

 

La force d'Euronews c'est le multilinguisme de ses antennes, garant de la diversité culturelle. Euronews émet en huit langues (Anglais, Allemand, Arabe, Espagnol, Français, Italien, Portugais et Russe). L'image de l'Europe est bien meilleure à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'Europe. Les Européens n'en voient souvent que les aspects négatifs: lourdeur, bureaucratie, jargon. Florès d'Europe on n'en voit que les qualités : prospérité, niveau et cadre de vie, culture, et surtout paix et sécurité. Il serait grand temps que les citoyens de l'Union Européenne aient enfin une perception de l'Europe qui soit le reflet de ce qu'elle leur apporte au quotidien, qui traduise l'importance que revêt l'Europe dans les politiques nationales.

Créer un sentiment d'appartenance européenne, informer les Européens leurs voisins, rendre l'Union Européenne moins bureaucratique en informant manière simple les téléspectateurs des lois qui concernent leur vie, c'est ce que Euronews, notamment à l'occasion des élections européennes. La France est un des piliers d'Euronews à plusieurs titres : c'est une société de droit français, établie à Lyon, qui tient son autorisation d'émettre du C.S.A. France Télévisions est son premier actionnaire, avec 30% du capital ; 40% de son personnel est français. Euronews est présente sur le câble et le satellite et sur France 3 avec une fenêtre nationale qui attire environ 600 000 personnes chaque matin. Il n'est donc pas difficile d'imaginer le succès que rencontrerait Euronews en diffusion24hl24 sur la T.N.T..

La T.N.T., voilà la solution. Euronews est une chaîne investie d'une mission de service public, responsable vis-à-vis de ses téléspectateurs en refusant notamment f info-spectacle et l'approche sensationnaliste. Faisons d'Euronews le moteur médiatique de la construction d'une identité européenne et intégrons Euronews à la Télévision Numérique Terrestre. Au moment où deux chaînes de T.N.T. payante ont rendu leur licence au C.S.A., mettons Euronews sur un des canaux en T.N.T. gratuite, pour le plus grand bien de f information des Français et pour faire de la France un exemple à suivre par tous nos partenaires européens.

Je souhaite vivement vous rencontrer pour pouvoir développer cette idée, dans l'espoir que l'Etat pourra exercer son droit de préemption.

Je vous prie de croire, Madame la Ministre, en l'assurance de ma meilleure considération.

 

Dominique Baudis.

 

 

*http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1471

 

Olivier Azam pour Le Torchon Rouge

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